Vidéo ajoutée le 12 septembre 2017

Cet été, Emmanuel Macron a annoncé une baisse des APL de 5 euros. 6,5 millions de ménages, dont 800 000 étudiants seront concernés. La mesure sera effective dès le 1er octobre prochain et permettra de résorber un déficit de 140 millions d'euros laissé par le précédent gouvernement.

Convaincu que le versement des APL alimente la hausse des loyers, le président de la République a d'ores et déjà annoncé qu'il n’hésiterait pas à baisser davantage l’aide personnalisée au logement (APL) si besoin, lors de l’interview fleuve publiée dans l’hebdomadaire Le Point du 31 août.

Mais coup de tonnerre mardi dernier, dans un discours devant les préfets à l'Élysée, Emmanuel Macron a appelé "tous les propriétaires à baisser les loyers de 5 euros" pour compenser la baisse des APL prévue à l’automne. Cette injonction présidentielle a déclenché la colère des professionnels de l’immobilier.

Jean-François Buet le Président de la FNAIM a immédiatement réagi à l’annonce du Président de la République . « Emmanuel Macron vient de tenir des propos dénués de tout sens », a-t-il déploré. Avant d’ajouter , « L'injonction de Monsieur Macron sous-entend d'abord que les propriétaires récupèrent systématiquement l'aide publique. C'est la fameuse théorie de l'effet d'aubaine : puisque les bailleurs savent qu'elle est neutralisée par l'État, ils appliquent une majoration du loyer. C'est économiquement faux. Le loyer est déterminé a priori en fonction d'un marché, c'est-à-dire d'une équation qui prend en compte la solvabilité moyenne des locataires potentiels d'un logement donné, dans une ville donnée, la fiscalité pesant sur les propriétaires et le rendement attendu. En clair, il n'est pas calculé "à la tête du client". Le propriétaire ou son mandataire ignore si celui qui va déposer un dossier est bénéficiaire de l'APL ou pas. »

« Il n'est pas question de nier que l'effet d'aubaine existe dans certains cas, par exemple pour les logements calibrés pour une catégorie de locataires spécifiques, tels que les logements de petite surface adaptés aux étudiants, au cœur de villes universitaires. Dans ce cas, il est imaginable que la resolvabilisation par l'APL est en quelque sorte prévue par le bailleur. Encore cela dépend-il des marchés : si le marché est tendu, le risque est non nul. Ailleurs, dans des villes moyennes où l'offre locative sera moindre que la demande, l'effet d'aubaine ne jouera pas. La réflexion à l'emporte-pièce du Président est indigne d'un esprit nuancé, capable de décoder les phénomènes complexes », déplore Jean-François Buet.

De son côté *Bernard Cadeau, Président du réseau Orpi a déclaré : « La baisse récente des loyers (selon l’étude de l’Observatoire Clameur publiée le 5 septembre) illustre bien le fait que le marché sait s’adapter naturellement…Il ne faut pas…stigmatiser les bailleurs privés qui ne sont pas à l’origine de l’inflation locative. Ils sont dans une logique d’investissement sur le long terme, sans rechercher systématiquement une performance financière immédiate. La vraie solution serait de construire et rénover massivement des locaux pour les mettre sur le marché et qu’il y ait moins de pression sur les prix. »

Alexandra Boquillon

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